Un banc d’essai dans Haute Fidélité magazine

Un mardi, un peu après-midi,  je suis allé présenter dans les locaux du journal Haute Fidélité notre proposition vinyle, à savoir :

L’installation se fait dans une salle d’écoute d’une cinquantaine de mètre carré traitée acoustiquement et la rédaction n’a pas lésiné sur les moyens mis en place pour mettre en valeur les sources. De grosses enceintes de studio monitoring professionnelles PMC, des blocs monos FM Acousics, un préampli ATC. A l’écoute c’est une écoute très orientée monitoring, très fine avec une très très belle spatialisation et une assise dans le grave absolument formidable. Avec un tel système : régler la partie vinyle sera un vrai jeu d’enfant puisque tout s’entend.

Pour commencer l’écoute avec Dominique Mafrand, j’ai installé une DL-103 qui date de 2011, une ébauche de ce qui est maintenant devenu la Cala 103 .two  avec cantilever en bore et un diamant Line Contact isntallé dans un corps Uwe en Malachite. La cellule s’est promenée un peu partout chez vous, mes clients et amis et je l’ai aussi énormément jouée. Bref une cellule avec largement plus de 3000 heures au compteur, un cellule maltraitée, une cellule… usée mais pas encore (complètement) rincée.Pourquoi commencer ainsi ? Parce que c’est une cellule qui a vécu, une cellule qui n’impressionne pas, mais surtout une cellule étalon à mes oreilles. Immédiatement sur le Schröder CB 9”  : c’est surprenant. Dans la configuration proposée, le bras dispose d’une base en certal et donc d’une masse effective de 14g, certes le corps en malachite va ajouter un peu de masse effective mais pas autant que l’on pourrait le souhaiter. Réglages rapides  protactoring +  2.5g  de force d’appui. Roulez jeunesse !

D’emblée le résultat est correct pour toute personne n’ayant pas encore pris complètement la mesure des qualités exceptionnelles du bras Schröder et de la Cala 103 .two .  Si La Denon DL-103, cette cellule “auto-école” (un peu comme les Voix du Théâtre peuvent l’être pour l’apprenti Haut Rendement) n’est pas réputée pour être la cellule la plus sensible aux réglages, dans cette version Cala Mighty Sound et sur un bras Schröder : c’est édifiant.

Sur le Schröder CB 9”  : tous les paramètres sont réglables et c’est l’occasion de pouvoir montrer l’importance de ces réglages même sur une cellule “entrée de gamme”. Après avoir trouvé une VTA  et une VTF convenable, réglé l’azimuth de la cellule au petit soin, j’ai proposé une exploration des possibilités de réglages fins… à savoir :
1. affinage de la VTF et VTA
2. jouer sur le couple de serrage de la cellule sur son support en certal / du support en certal sur le tube de bras / du contrepoids
3. découplage de la partie inférieure du  contrepoidsLes résultats à l’écoute sont immédiats. Pour faire court reprenons les différents points précédents
1. Sur l’affinage de la VTA : j’utilise une micro caméra et je regarde en dynamique comment se positionne le diamant sur le disque. C’est un peu acrobatique mais ça permet d’obtenir une VTA idéale de manière très rapide.  Sur le diamant Line Contact de la 103.2 : j’ai mes repères et c’est très facile à trouver. A l’arrière du tube de bras il y a une bague pivotante qui permet de régler très très finement la VTF. A noter que la VTF reste constante quelle que soit la VTA  et surtout quelle que soit la place de la cellule sur le disque (j’ai teste à la balance électronique la chose et jusqu’à présent : je n’ai pas trouvé d’endroit où mettre en défaut cette constance de la VTF). Je peux pourtant vous assurer que la plupart des bras ne proposent malheureusement pas une VTF constante en tout point du disque (c’est souvent du à la mécanique de l’anti-skating mais pas que).2. Ne pas serrer excessivement la cellule sur son support. Pour la Mighty TNT15P Silver : nous installons d’office des écrous allongés qui permettent à l’utilisateur de serrer celui-ci à la main et ce serrage suffit dans la plupart des cas. Un poil plus fort pour le couplage du support de cellule au bras. En général : ça ne sert à rien de serrer comme une brut les vis d’un bras. Par contre : si il y a un bien point sensible… c’est le couple de serrage du contrepoids qui lui doit-être ferme.3. Le découplage du contrepoids agit essentiellement sur la tenue du grave. En fait c’est très facile : plus on vis et plus le grave est tenu, contrôlé au point d’en devenir presqu’absent. En dévissant celui-ci on obtient l’effet inverse. Avec un belle contrebasse acoustique : on trouve très rapidement un réglage qui peut-être considéré comme satisfaisant… L’avantage de ce réglage c’est que c’est  très facile à faire et donc on peut jouer avec jusqu’à trouver la position qui correspond.

Si un Scröder Referenz est un bras compliqué à régler, leSchröder CB 9” : c’est un jeu d’enfant et comme sur tous les bras Schröder : absolument tout s’entend. (Avec un peu de délicatesse on peut même régler l’antiskating à la volée !)

A vrai dire j’ai beaucoup apprécié l’écoute de la Cala 103 .two sur ce système. Vivante, puissante, cohérente et musicale. L’étage phono conçu et assemblé par Christian Bianchi pour Cala Mighty Sound y est aussi pour beaucoup. A l’écoute : c’est déjà une de mes plus belles écoutes vinyles de Denon DL-103 et la pièce traitée correctement : n’est absolument pas un facteur limitant pour laisser s’exprimer les qualités des systèmes soumis aux bancs d’essais.

Il est temps de passer à la TNT15. A vrai dire j’angoisse sévère. La cellule que j’ai entre les mains, n’est pas du tout celle qui était prévue pour ce banc d’essai puisqu’elle est absolument neuve et mon courrier (24h qui s’est transformé en 72h) vient de me la livrer trente minutes avec le rendez-vous convenu. La cellule prévue pour le banc d’essai aurait du arriver il y a une grosse semaine pour être écoutée et rôdée préalablement à cette rencontre mais elle a été perdue dans son transport… Tous les utilisateurs de cellules phonolectrices savent à quel point la période de rodage fait joue sur le résultat sonore finale. Bref, j’installe la bête.

Premier tour de sillon : que de l’aigu. Un aigu superbe mais que de l’aigu. Puis le medium commence à rentrer mais l’aigu disparait, puis le grave prend place et le reste disparait. Le plus étonnant dans cette phase, qui a duré cinq minutes environ, c’est que dans chaque registre entendu successivement : on entendait déjà les qualités de la cellule. Au bout de cinq minutes : ça commence à fonctionner et c’est déjà très nettement au dessus de la 103.2. Le live de Sophie Hunger laisse entendre une variété dans les timbres, un fouillé dans la spatialisation absolument surprenant. L’étage phono est toujours celui de Christian Bianchi (alias Prisme) et il vient juste faire un grand écart : puisque la 103 avec ses 40 ohms et 0.3mV  n’a pas grand chose à voir avec la Mighty TNT15 et ses 6 ohms et 0.2mV… Pas un bout de souffle dans les enceintes… pour un étage phono complètement actif sans aucun transfo dans la ligne du signal : c’est formidable.

J’ai repris un peu les réglages à la suite de ces premières minutes et puis il était temps pour moi de laisser à Dominique Mafrand, le journaliste qui s’occupe du banc d’essai, cet ensemble et quelques disques en pâtures. Le monde du vinyle est un monde qui se doit d’être apprivoisé, touché, réglé et caressé. Quand je suis revenu récupérer le matériel : il était absolument indéniable que les réglages avaient bien été touché, modifié, affiné aux goûts de Dominique.

Et puis j’ai découvert l’article. Il y a quelques jours. Je savais que Dominique avait aimé, mais je ne m’attendais pas à ça. Le chapeau dit tout : Vinyle Majuscule … Lisez l’article. Je suis ravi, Dominique, que cet ensemble t’ait donné autant de plaisir à écouter des disques vinyles.

François Saint-Gérand