My Sonic Lab ? Qu’est-ce que c’est ?
Vous utilisez une cellule de ces marques : Koetsu ? Air-Tight ? Accuphase ? Miyabi ? Luxman ? Supex ou Audiocraft ? Kando ? Sumile ? Tech Das ? Il y a de fortes chances que sa construction ait été développée par M. My Sonic Lab autrement dit Yoshio Matsudarai…
Vous l’aurez donc compris, si My Sonic Lab n’existe que depuis 2004, l’activité “cellulaire” de son créateur trouve son origine dès la fin des années 60. Le moteur de la création de My Sonic Lab repose sur une innovation majeure récente dans l’amélioration des cellules à bobines mobiles, à savoir un noyau SH-μX high flux à haute perméabilité permettant d’optimiser la bande passante utile des cellules mais surtout d’optimiser le couplage magnétique de l’aimant avec les bobines mobiles. Cette innovation permet donc d’obtenir une concentration du champ magnétique mieux répartie et donc un rendement supérieur à ses concurrents permettant au générateur de la cellule de produire un signal électrique ayant un de niveau sortie supérieur à sa concurrence.
L’approche My Sonic Lab
Tout l’intérêt de cette nouvelle approche c’est donc de pouvoir obtenir un niveau de sortie standard pour une cellule MC (entre 0.3 mV et et 0.5 mV) avec un nombre de tours de bobines (mobiles) inférieur, autrement dit une impédance plus basse. Ainsi pour la cellule My Sonic Lab Eminent GL, on obtient 0.4 mV @ 5cm/s avec des bobines de seulement 1 ohm. La concurrence pour obtenir de telles valeurs va plutôt tabler sur des bobines à partir de 4 ohms dans le meilleur des cas. 4 ohms c’est bien entendu quatre fois plus de fils de bobines et donc une masse mobile sensiblement moins importante, or plus la masse mobile est importante est moins celle-ci est favorable au fonctionnement mécanique de la cellule, mais nous reviendrons sur ce point ultérieurement.
Dernière petite remarque technique, avant de vous décrire mes impressions d’écoutes avec cette fabuleuse My Sonic Lab Eminent GL, qui dit basse impédance et haut niveau de sortie dit… comportement très favorable avec les transformateurs élévateurs. En effet avec une impédance basse et un niveau de sortie élevé la bande passante est préservée même associée à des transformateurs avec des gains plus que suffisants pour le rendement de ces cellules. C’est pourquoi associer une My Sonic Lab avec un niveau de sortie 0.4 mV ou plus avec un transformateur de rapport 1 : 20 ne va pas poser de problème particulier mais vous permettra d’attaquer votre étage phono avec un niveau élevé ce qui pourra dans certain cas limiter les problèmes de bruits résiduels…
Eminent GL, mais encore ?
Je m’étais dit qu’écrire mon ressenti sur une cellule serait chose facile. Après tout mon métier m’amène à écouter des dizaines de cellules différentes par mois. Je crois d’ailleurs connaître assez bien les cellules My Sonic Lab puisque ce sont des cellules que nous jouons régulièrement dans notre showroom parisien et que nous installons aussi chez nos clients. Jusqu’à présent nous avions surtout insisté sur le modèle Ultra Eminent Bc, la cellule la plus emblématique de la marque puisque dotée d’une des plus faibles impédances pour une cellule MC, à savoir 0.6 ohms et pour autant 0.3 mV de niveau de sortie.
C’est en quelque sorte l’antithèse d’une Denon DL-103 qui propose exactement le même niveau de sortie mais pour une impédance de 40 ohms, soit une impédance plus de 66 fois plus élevée. Il va de soit que l’équipage mobile d’une cellule My Sonic Lab va donc être bien plus léger que celui d’une Denon DL-103 ainsi que celui de bien d’autres cellules et c’est bien là un facteur clef. Qui dit équipage mobile des plus léger dit réponses en transitoires supérieures, problèmes de résonances atténués, résistance mécanique moindre, etc…
La modèle Eminent GL est donc la cellule entrée de gamme My Sonic Lab, mais qu’a-t-elle comme attributs d’une cellule entrée de gamme hormis un cantilever en duraluminium ? (mais nous reviendrons sur ce point ultérieurement) Et bien justement pas grand chose d’autre puisque on retrouve un moteur avec un bobinage en 1 ohm et un niveau de sortie de 0.4 mV, un diamant de type Semi Line Contact avec un rayon court de 3 micron et un rayon long de 30 micron. La finition est parfaite avec une anodisation du corps d’un doré chaud et une plaque en contact avec le porte-cellule en aluminium laquée noire. Son poids de 9.5g et sa compliance de 10×10^-6cm/dyen permet à cette cellule d’être associée avec la plupart des bras sur le marché.
Systèmes d’écoutes, pièce d’écoute
Période de confinement oblige, c’est mon bureau qui a servi exclusivement de lieu d’écoute. Un espace d’une trentaine de mètres carrés, rectangulaire dans ses proportions mais aux murs non perpendiculaires, hauteur sous plafond d’environ 3 mètre avec, dans le sens de l’écoute, une poutre de dimension respectable, plafonds à moulures, coffrage en bois jusqu’à mi-murs pour la plupart recouvert de meubles remplis de disques vinyles. Derrière la position mon bureau et puis encore derrière le mur arrière qui est en faite une série de placards en bois fruitiers du XVIII ème siècle. Derrière les enceintes : deux grandes fenêtres. Le système est disposé entre les enceintes, pour des raisons pratiques, sur un meuble en chêne massif chevillé (tenon et mortaise). L’écartement des enceintes et de 2m60 et la position d’écoute varie selon mon humeur entre 1m80 et 3m de distance. Le fauteuil d’écoute est à assise basse, est un Marsala designé par Michel Ducaroy en 1970 pour Ligne Roset.
- La platine vinyle est une Artemis Lab modèle SA-1 fraichement reconstruite et revue par Frank Schröder. Elle est équipée d’un bras Schröder CB avec tube de bras en ébène, câblage cuivre complet dans sa version la plus évoluée. Une masselotte en laiton est utilisée pour coupler la cellule au bras.
- Différents transformateurs élévateurs ont été utilisés (Consolidated Audio 1:20 Cuivre, My Sonic Lab Stage 1030, Thrax Trajan, Sculpture A Mini Nano Step-Up ratio 1:10, 1:15 et 1:20 et un prototype argent/cuivre en rapport 1:20
- Câbles phono Sculpture A : Mini Phono Cable & Le Câble Phono Cuivre
- Étages phono : Thrax Orpheus, darTZeel CTH-8550 mk2, Sculpture A – Mini Discrete Phono
- Intégré Dartzeel CTH-8550 mk2
- Préamplificateur : Thrax Dionysos
- Amplificateur : Thrax Teres V2 Stereo, Thrax Sparatacus
- Enceintes : Thrax Lyra sur pieds propriétaires
- Câblerie : Elpispandora avec câbles HP Chiron, XLR Daphné et Phoenix, RCA Red Miracle
- Secteur : Nodal Audio
- Référence numérique : Thrax Maximinus V2 + Roon + Tidal/Qobuz
Premier round – mise en oreille
Comme avec toutes les cellules neuves que j’ai en test, j’aborde celles-ci dans un premier temps de manière intuitive. Pour ce faire, j’installe l’Eminent GL sur le bras Schröder CB ébène sur sa masselotte en laiton et j’ajuste rapidement à 2g la force d’appuis pour faire ensuite un premier réglage rapide au protractor Feickert. L’ensemble est branché directement sur une des entrées configurée pour cellule MC basse impédance de l’étage phono à tubes LCR Thrax Orpheus, une configuration que je connais par coeur avec sa grande soeur la Ultra Eminent Bc. J’étais un peu circonspect sur la suit. Je dois admettre que me retrouver à écouter une cellule MC moderne à plus de 3000€ avec un cantilever en duraluminium ne m’était pas arrivé depuis un certain temps. Ma dernière expérience de ce type remonte à nos essais de cellules Top Wing Red Sparrow qui in fine m’avait bien laissée sur ma faim. Autant cette cellule était capable de complètement transcender certains disques et de rendre de nombreuses autres absolument lénifiants.
Juste avant la MSL, j’écoutais une Koetsu Onyx Longbody revue par nos soins sur un step-up Micro Seiki MT-1000 toujours sur l’étage phono Thrax. Ici on retrouve un cantilever en bore et justement le même profil de diamant que sur toutes les cellules My Sonic Lab. La base de comparaison est intéressante car d’un point de vue lecture : c’est le même diamant qui va aller à la rencontre des sillons pour ces deux cellules. Dernier disque écouté sur la Koetsu, premier disque écouté sur la My Sonic Lab ? Le dernier EP de Rhye nommé Spirit et qui a pour inspiration le piano acoustique et certainement les performances de Nils Frahm.
Dès les premières notes de Patience, la dimension du piano avec pédale sourdine d’Olafur Arnalds se présente de manière complètement différente à celle proposée par la Koetsu. Si la Koetsu est attachante dans son emphase mélodique, dans sa manière de présenter de manière ostensible les éléments clefs de la musique, la My Sonic Lab ne force rien, au contraire la cellule s’efface au profit de la musique. Tout semble plus distinct, plus précis et avec une plus grande homogénéité dans la restitution de la bande passante. Je note aussi une certaine matité que j’attribue à ce stade de l’écoute à la verdeur de la cellule qui nécessite un certain rodage mais peut-être aussi au cantilever en aluminium.
Sur la face B du même disque, la chanson Wicked Game, propose une ligne de basse discrète mais profonde, je commence à me dire que cette cellule est très prometteuse, la dernière phase du morceau se fait sur un build up (crescendo) progressif avec l’entrée d’un solo de guitare rauque et je me surprend à être comme immergé dans la musique avec une scène sonore absolument remarquable. Je laisse filer le disque et sur les dernières mesures de la dernière piste, je me dis que la sérénité semble être une des qualités principales de cette cellule qui s’accommode sans encombre des signaux complexes. Je me suis alors accordé une dizaine d’heures d’écoutes pour me familiariser avec les spécificités de cette cellule et ensuite passer au deuxième round d’écoutes.
Deuxième Round – mise au point
Une dizaine d’heures d’écoutes, c’est le moment de reprendre les réglages et de faire une série de mesures avec l’Analog Magik, un solution exceptionnelle de mise au point produite par Richard H Mak. Très vite j’obtiens une séparation de canaux très satisfaisante avec un peu plus de 30dB de séparation effective. La force d’appui (VTF) optimale mesurée est obtenue à 2.19g. La bande passante avec les transfo du Thrax (rapport 1:20) est très linéaire sans accident particulier sur toute l’étendue de la bande passante.
Nul besoin de serrer non plus comme une brute les vis de fixation de la cellule à la masselotte en laiton, même si sur les cellules MSL ce réglage est moins sensible que pour bien d’autres cellules. En effet le générateur et sa coque sont fixés sur la plaque en aluminium situé au-dessus de celui-ci, cette plaque étant donc l’élément coupleur avec le bras. Avec bien des cellules en vissant plus ou moins fort le corps de la cellule au bras : on a tendance à déformer, à mettre sous contrainte le corps de la cellule et donc altérer légèrement la sonorité de la cellule. Dans tous les cas un couple de serrage trop important n’apporte rien de plus que de complètement solidariser la cellule au bras et donc de transmettre complètement son énergie vibratoire au bras. Il est préférable de ne pas trop serrer cette liaison pour permettre un légère amortissement.
Troisième Round – mise en plis
darTZeel CTH-8550 mk2
Avec une cellule dont les bobinages sont de 1.4 ohms et un niveau de sortie de 0.4 mV, différentes options d’étage phono sont viables. La première piste à explorer : c’est tout simplement de la brancher sur l’entrée MC du darTZeel CTH-8550 mk2, qui plus est c’est assez idéal puisque cet étage phono fonctionne en courant… une solution développée justement pour les cellules à très faibles impédances. Avec l’intégré suisse : c’est la solution de facilité, il suffit de brancher le câble du bras sur la partie phono et c’est parti. Les enceintes Thrax Lyra forment avec les électroniques darTZeel une excellente combinaison pleine d’énergie sur toute la bande passante, une spatialisation exceptionnelle et une écoute très précise.
Si le format compact des enceintes laisse à penser que le grave sera en reste : il n’en n’est absolument rien puisqu’elle sont donnée pour 34Hz à -3dB. L’Eminent GL se fait d’ailleurs un plaisir de nous démontrer leurs aptitudes et notamment en produisant un bas grave exceptionnelle. L’album Liminal du groupe the Acid est un parfait exemple qui met aussi en lumière le côté très discriminant de la cellule, c’est à dire cette capacité à retranscrire le silence entre les notes dans la musique et donc par conséquent une cohérence de restitution de ma musique globale assez unique.
Je note toujours ce côté légèrement mate qui, avec le rodage, tend plus vers un côté baryté tant les contrastes tonaux sont marqués. La musique orchestrale est certainement le meilleur exemple, les rhapsodies de Dvorak sous la baguette d’Antal Dorati se livrent sans retenues avec une fougue organisée impressionnante. La cohérence de l’orchestre est totale et la prise de son à la Decca donne toute ses couleurs aux pupitres distincts et facilement identifiables. Peut-on envisager d’améliorer la performance du CTH-8550 mk2 avec l’aide d’un transformateur élévateur ?
Et les transfos dans tout ça ?
Certains commencent à le savoir : les transformateurs élévateurs me fascinent. Ils proposent une solution unique pour augmenter le niveau de sortie d’une cellule MC et attaquer une entrée MM. Une solution élégante qui utilise l’énergie seule de la cellule pour augmenter son niveau de sortie, là où une solution active introduit une source électrique extérieure pour parvenir au meme résultat. Avec un niveau de sortie de 0.4 mV, My Sonic Lab conseille d’utiliser un transformateur élévateur d’un rapport de transformation entre 1:10 (20dB) et 1:20 (26dB). Ça tombe bien : j’ai à disposition cette série des step-ups dans notre nouvelle gamme de transfo Min Nano Cristallin Sculpture A. Avec le darTZeel, le transfo 1:10 n’a pas un gain suffisant, je commence à m’y retrouver à partir de 1:15 mais c’est sur le ratio 1:20 que je me suis fixé. Dans ces conditions, l’étage phono du CTH-8550 mk2 est encore plus silencieux et surtout la cellule gagne en ampleur et en texture. Ce rapport de 1:20 c’est aussi celui du transfo spécifique réalisé par My Sonic Lab, le Stage 1030.
Lors d’une récente discussion avec Michael Ulbrich (Monsieur Consolidated Audio), je lui soumettais l’observation suivante : plus la cellule MC a une impédance basse et plus celle-ci est à l’aise même avec des transformateurs élévateurs avec des gains importants du fait de leurs très faibles impédances. C’est assez logique si l’on imagine que la notion de bande passante d’un transformateur est directement corrélé par un rapport entre impédance de la cellule et gain du transformateur. Pour faire simple : plus une cellule dispose d’une faible impédance et théoriquement plus son niveau de sortie est faible et nécessite un transformateur de gain élevé (ex : Kondo Io-M : 1 ohm, 0.05mV de sortie => transfo 1:40) à contrario une cellule à haute impédance dispose théoriquement d’un niveau de sortie élevé et nécessite un transformateur à faible gaine (ex : EMT TSD15 : 24 ohms, 1,1mV de sortie => transfo rapport 1:5). Or il faut savoir que la bande passante utile d’une cellule avec un transformateur est directement lié à un rapport entre l’impédance, le niveau de sortie de la cellule et le gain du transformateur.
Pour faire simple : plus la cellule est d’impédance basse, plus le transformateur peut avoir une gain élevé et plus la cellule est d’impédance élevé et plus le transformateur doit avoir un gain réduit. Par ailleurs, plus le gain d’un transformateur est élevé et plus sa bande passante diminue.
Allons-y gaiement… un peu de théorie (donc pas d’image…)
Hors, les cellules My Sonic Lab ne jouent décidément pas dans la même cours. Pour rappel la cellule Eminent GL possède des bobines de 1 ohms et un niveau de sortie de 0.4 mV, soit quatre fois plus qu’une Kondo Io M qui pourtant possède des bobines de même impédances. Cela veut dire que même si on utilise un transformateur avec un gain théorique élevé : ça ne va pas poser de problème pour une cellule My Sonic Lab et on va pouvoir attaquer son étage phono MM a un niveau plus élevé. C’est particulièrement pratique pour certains étages phonos (souvent japonais) qui disposent d’étages phono MM de gain autour de 35 dB (pour rappel un étage phono Thrax Orpheus dispose de 44 dB de gain en MM…) mais pas que. En utilisant un transfo 1:20 sur une Eminent GL on va encore plus soulager le générateur de la cellule et donc libérer encore plus la cellule.
Michael Ulbrich propose cette analogie : “il faut imaginer que le comportement mécanique d’un balluchon. L’extrémité courte que l’on tient entre ses mains est assimilable au nombre de tours de bobine au primaire du transformateur et la partie longue le nombre de tours à son secondaire. Le ratio des deux distances composant les deux parties distinctes du baton du balluchon sont donc assimilable au principe de fonctionnement d’un transformateur élévateur. Avec une cellule à bobines mobiles à faible impédance le rapport de force est tel que la partie que l’on tient dans ses mains sera plus courte pour une masse identique au bout du baluchon. Par extension on peut dire qu’une cellule de ce type à plus de couple et donc que le couplage avec un transformateur de gain élevé ne va pas lui poser de problème et que donc on peut meme envisager d’utiliser une cellule My Sonic Lab Eminent GL avec un transfo de ratio 1:40 (oui oui… le même que celui utilisé pour la cellule Kondo Io M) et donc réduire notoirement le gain de l’étage phono MM ce qui permet d’utiliser au mieux les étages phonos à faible gain. CQFD….
Toutes mes excuses pour cette partie un peu technique mais c’était un aspect à aborder pour vous permettre de comprendre certaines des particularités sonores des cellules MSL.
Reprise du descriptif d’écoute (retour des images…)
Les MSL sont des cellules dotés de générateurs avec une efficacité exceptionnelle. J’hésite à faire une analogie avec les voiture mais pour faire simple : on admettra que les cellules MSL ont un couple de camion avec l’accélération d’une voiture électrique. C’est à croire que je ne recule devant rien avec de telles comparaisons et pourtant : c’est bien mon ressenti. Sur le premier album éponyme d’Emilie Simon, un album que je n’avais pas écouté depuis 2003 mais qui est curieusement venu atterrir sur ma platine vinyle récemment, j’ai été complètement reconquis et c’est certainement grâce à la My Sonic Lab. Je n’avais jamais réalisé à quel point il sonnait de manière aussi subtil. Avec l’Eminent GL : la bande passante semble illimitée et notamment dans le grave on obtient une définition très rare en lecture vinyle.
Sur la réédition 45 tours de l’album Ou There, In There du duo Sidsel Endresel & Bugge Wesseltoft : c’est l’immanence, le côté direct qui me happe. Le vinyle disparait complètement au profit de de la musique. Après plus de deux mois d’écoutes assidues et jouissives : je n’arrive toujours pas à trouver une signature sonore redondante ou insistante. Chaque disque existe non pas par la cellule mais par lui même sans aucune coloration intempestive. Le bras Schröder CB ébène joue certainement un rôle dans ce résultat tout comme l’ensemble des électroniques associées.
Pendant les dernières séries d’écoutes, je me suis rapproché du label de l’Orchestre Philharmonique de Berlin, Berliner Philarmoniker, qui propose de formidables éditons vinyles dont la 6 ème de Tchaikovsky sous la baguette de Kyrill Petrenko, ou bien le dernier concert de Claudio Abbado (nous avons les derniers exemplaires neufs en stock à venir chercher au showroom… avec la plupart des autres références vinyles). J’ai aussi appris dans la foulée que Frank Schröder contrôlait certains des test pressings avant le pressage final de ces disques vinyles et qu’il était en train de fournir un système complet d’évaluation vinyle au directeur du label. Le monde (de l’audio) est décidément petit.
Mais revenons à la n°6 de Tchaikovsky sous la baguette Kirill Petrenko, le mouvement allegro non troppo, dans le premier grand forte de ce mouvement, met en exergue toutes les qualité de cette cellule avec notamment une capacité d’attaque unique tant par son rendu dynamique que sa capacité ne pas perdre une once de lisibilité dans le rendu de l’orchestre et surtout dans stabilité d’image sonore tout bonnement holographique. Le retour à des passages plus piano voir pianissimo permet aussi de bien saisir le silence lors de la lecture que cette cellule est capable de rendre.
Sur le dernier concert de Claudio Abbado qui oppose ou réuni (c’est selon) dans un enregistrement live Mendelssohn et Berlioz, la restitution de la Philarmonie de Berlin est d’un réalisme troublant. J’ai comme l’impression de me retrouver face à l’orchestre dans la meilleure position possible du spectateur, légèrement en surplomb de l’orchestre. L’image sonore est tout à fait conforme à mon expérience de cette salle mais surtout je ressens parfaitement la signature acoustique de la salle qui, à mon sens, fait partie de la signature sonore du Berliner Philarmoniker. C’est absolument confondant de réalisme.
Conclusion ?
Caractériser la My Sonic Lab Eminent GL ? C’est facile : naturelle, spontanée, raffinée avec une scène sonore parfaitement structurée et une dynamique ébouriffante.
Pour les amateurs de clinquants, d’hyper précision, de découpe de la musique au laser : passez votre chemin.
Par contre pour le mélomane en quête d’écoutes aux longs courts avec la surprise de ne jamais entendre la même chose quelques soient les enregistrements, pour ceux qui souhaitent écouter la musique dans son ensemble et non par le détail du détail du détail : cette cellule est faite pour vous. Depuis le début, si je devais comparer la texture de l’Eminent GL à un tirage : ce serait un tirage sur papier baryté. Elle a cette capacité formidable de produire énormément de contraste et un grain qui donne une vie à l’image / la musique qui rapproche plus qu’il n’éloigne le spectateur / auditeur.
L’Eminent GL serait-elle une cellule au rendu mat (comme le papier baryté) ? Pas tout à fait et dans tous les cas elle ne donne pas dans un rendu brillant non plus. C’est juste très naturel et vivant, résolument neutre sans pour autant sombrer dans une écoute clinique et sans vie. Si on devait faire un peu d’anthropomorphisme : cette cellule serait dotée d’une sacrée empathie tant elle m’a incité à enchainer les disques, non pas pour la mettre en défaut, mais parce qu’écouter de la musique (re)devient tout bonnement jubilatoire et donne envie de ne plus s’arrêter d’enchainer les disques.
Une formidable cellule qui m’a aussi réconcilié avec les cantilever en aluminum et ça ça n’était pas gagné du tout. Banzai Matsudaira-San !